Quand
nous avons acheté Sitting-Bull, il avait été entretenu
amoureusement par son ancien propriétaire, pendant 20 ans. Pour lui permettre de répondre à nos aspirations, quelques travaux s’imposaient :
Le
plus urgent était le pont qui fuyait en de nombreux endroits
ce qui dégradait l’intérieur et certaines pièces de
structures. Celui qui n’a jamais dormi sous une bâche pour se
protéger du goutte à goutte qui lui tombe directement sur la
tête ne connaît pas le bonheur d’un intérieur étanche….
Trois
mois de travail étaient planifiés, mais de la théorie à la
pratique…. Tout
commence par un problème avec le transporteur qui devait nous
emmener sous hangar, qui nous réclamait un supplément
substantiel pour décharger le bateau; il n’avait pas compris,
malgré mes nombreuses précisions, qu’il s’agissait d’un
voilier à tirant d’eau non négligeable. Devant le racket qu’il
voulait nous imposer (location d’une grue), nous décidons de
faire les travaux sur l’aire de carénage du port de Cannes, en
espérant ne pas avoir trop de mauvais temps, nous sommes fin
janvier! La
première tâche a consisté à photographier tous les détails du
pont pour repositionner correctement tout l’accastillage
(facile). Est
arrivé ensuite le démontage de l’accastillage; A trois, c’est
allé relativement vite.
Les
méfaits des infiltrations d’eau douce sur l’étambrai et
l’hiloire avant du roof….
Au
bout de 10 jours de labeur acharné, l’ancien pont n’était plus
qu’un amas informe dans les containers du port; on allait
attaquer les choses sérieuses.
Nous avons
débuté à l’avant car il y avait moins de découpe. Ce n’était
peut-être pas une bonne option car la mise en place fut très
difficile à cause des contraintes imposées au contreplaqué
par la tonture et le bouge du pont. A
peine collé et vissé, tout a sauté comme un ressort, les vis
utilisées pour maintenir la pression étaient trop courtes.
Les collages sur les barrots ont été réalisés avec du 5230
de chez 3M, choisi pour sa facilité d’emploi et sa tolérance
au niveau hygrométrie et température, les assemblages de
scarfs ont été faits avec de l’époxy, SP106. Au départ,
nous avions envisagé de recouvrir de teck du plus bel effet,
mais devant le coût, nous avons renoncé. Bien nous en a
pris, puisque nous avons constaté que, en été, la
température du pont est nettement plus supportable, ce qui
influe sur la température intérieure; nous avons gagné entre
3 et 5 degrés. Quand il faisait 32 à l’intérieur, on goûte
maintenant une certaine fraîcheur à 28! Le pont a été enduit
de 2 couches d’époxy, puis de peinture ALLGRIP sur laquelle
de la poudre antidérapante a été saupoudrée. La finition due
à cette peinture est remarquable sur les parties lisses,
mais je ne suis pas sûr que l’antidérapant ait besoin d’une
telle qualité. Tout
l’accastillage a été remonté, et c’est un plaisir sans cesse
renouvelé que de pouvoir nettoyer le pont sans inonder
l’intérieur, ou écouter la pluie tambouriner sur le pont
sans craindre les infiltrations.
Un jour, grosse panique : la pompe de cale automatique ne marchait plus. Après investigations, on découvre qu'il n'y a plus ce courant à la sortie du clapet de déclenchement. On change le clapet, rien ne se passe! Après de nombreuses recherches, on découvre, caché sous un placard de cuisine, vissé dans le retour de galbord , un reste de domino qui était sensé assurer un raccord, en plein milieu du câble d'alimentation! Nous avons décidé de vérifier toute l'installation qui était pourtant récente et avons découvert de nombreux dominos volants qui servaient de dérivation. Décision a été prise de refaire tout le circuit de façon plus fiable.
Le vieux BD4
essence a été déposé pour être remplacé par un Vetus M4.14.
La tâche a été facilité par le fait que l’ancien
propriétaire avait conservé toutes les documentations
techniques, ce qui a permis de calculer un nouveau support
moteur à partir de l’ancien et de le réaliser tranquillement
en atelier; il est constitué de longerons en frêne collé.
Nous avons profité de l’occasion pour décaper toutes les
vieilles peintures, faire une gatte étanche, et repeindre
avec une belle peinture blanche pour cales. Les deux
anciens réservoirs d’essence de 30 litres placés dans les
coquerons arrières ont été débarqués, remplacés par un
unique de 80 litres sous le cockpit. La mise en
service (pour le départ de la garantie) a été effectuée par
une personne de chez Vetus qui a , sans hésitation, validé
cette installation.
Un bateau de
ce poids (6,5t) nécessite un mouillage conséquent : chaîne
de 10, ancre de 16 kg, et quand il faut remonter tout ça,
c’est sportif, dangereux dans des conditions venteuses ou
clapoteuses. Nous avons
décidé d’installer un guindeau de 1000w, barbotin horizontal
de chez Vetus. Il est alimenté par un batterie de 120 Ah,
placée sous une couchette du poste avant. Cette solution a
été retenue car elle permet de n’avoir qu’un câble de 10mm²
qui traverse tout le bateau pour la recharge, à la place
d’un câble de 50 mm² sur la même distance. De plus, cela
nous permet, en cas problème moteur de pouvoir remonter le
mouillage. Il nous est arrivé également de devoir monter au
mat pour régler des problèmes électriques avant la nuit, et
le guindeau constitue un excellent ascenseur sans avoir à
mettre le moteur en route. Elle
avait été refaite récemment, mais ne nous convenait pas.
Plans de travails non cloisonnés, évier qui siphonne à la
gite et ……. Pas de réfrigérateur digne de ce nom. Le vieux
"tri mixte" ne fonctionnait réellement bien que sur le 220
volts du port. Nous
avons gardé la structure générale constituée de cloisons
et réaménagé le reste. La seule mauvaise surprise a été de
découvrir, en démontant la cuisine, qu’une membrure était
endommagée. Nous l’avons doublée par une autre en frêne
ployé. L’horrible
plan en formica imitation bois a été remplacé par de
l’acajou verni et du laiton, une planche à découper en
frêne a été encastrée près du réchaud et sert de "desserte
chaude", l’évier s’est déplacé en se dédoublant, des
fargues dignes de ce nom ont été posées pour empêcher aux
choses posées sur ces plans de rejoindre trop vite le
plancher. Et surtout, un réfrigérateur a été installé. Il fonctionne avec une plaque eutectique, le compresseur est refroidi par eau de mer par l’intermédiaire du passe-coque de l’évier qui a été changé. If est situé dans un coffre en coin et est constitué de cloisons en contreplaqué de 15 mm, 6 cm de polystyrène extrudé et 3 mm de PVC pour garnir l’intérieur. L’été prochain nous verra goûter, dans les criques ensoleillées de la Corse ou d’Elbe, les plaisirs du rosé frais et de l’anisette glacée….
C'est quand après tous ces efforts, les moments de découragement, de fatigue, on regarde son travail et on se dit : "ça y est, il est comme nous le voulions, il est beau et fonctionnel, pourquoi pas idéal?".
Pour le
pont: Contreplaqué
marine de chez Charles, 15 mm, 11 plis Époxy SP106,
durcisseur rapide pour les collages en hiver, durcisseur lent
pour l’enduction au printemps. Peinture
AllGrip , Oyster white pour les partis lisses, avec un agent
matant et des micro-billes pour les parties antidérapantes. Pour le
moteur:
Tous les périphériques sont Vetus: Réservoir de G.O, répartiteur à diodes, filtres ,
batterie, etc….. Pour le
guindeau: Modèle Picus, de chez Vetus et batterie ….. Vetus. Pour la
cuisine : Groupe froid Isotherm avec compresseur Danfoss refroidi par échangeur, et plaque eutectique
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