Les pêcheurs passent dans leurs petites barques en faisant de grands
bonjours et de grands sourires, je ne connais pas d'autre endroit où l'on
est accueilli de la sorte. Certes, l'environnement n'est pas ce qu'il y a de
plus joli, mais il va falloir observer avec un oeil curieux et non pas juger
en tant qu'occidental "civilisé".
Je ne suis pas dans une marina asseptisée, gardiennée et labellisée! C'est
un endroit de vie, un point névralgique de l'île. Les quais en béton pour
les cargos, les réservoirs de carburants pour l'approvisionnement de l'île
en témoignent.
Quand on s'approche du quai de débarquement, on est surpris par le bruit :
des cris, des chants, de la musique; c'est le quai des pêcheurs où sont
installés leurs étals. On ne peut trouver poissons plus frais. Sitôt
débarqués, ils sont mis à la vente. Les restaurants ont passé leurs
commandes; elles partent directement en triporteur ou sur la tête des
livreuses.
Quand on débarque en annexe, il y a souvent un enfant pour aider à
m'amarrer. Une piécette illumine son visage, même si elle n'est jamais
demandée. Le Cap Vert n'est plus ce pays de misère où les enfants
harcelaient les touristes pour une pièce.
Le village est aussi très dépaysant. La première impression a été de se
trouver en Afrique, telle que je l'imagine; la chaleur, la poussière, mais
des gens très dignes, souriants, au milieu d'une ville en chantier ou en
ruine? Les rues se croisent à angle droit, de nombreuses constructions sont
inachevées, des chiens en liberté viennent quémander des caresses... A
plusieurs reprises on m'a proposé de l'aide, me croyant perdu!
Bien sûr, il y a les touristes. Ils arrivent dans de petits bus et visitent
le marché aux poissons; ici, ils ne sont pas très nombreux, même si on les
remarque de loin! Certains embarquent sur les catamarans de charter pour une
"croisière" de quelques heures. Mais Palmeira est un village dont le
tourisme n'est pas la principale ressource.
On en fait vite le tour, je ne vais pas réduire l'île de Sal à ce village,
alors je décide de louer un scooter et me lance dans l'aventure. Je dois
aller à Santa Maria, au sud de l'île pour trouver des loueurs. Un premier
taxi collectif ou aluguer jusqu'à Espargos, puis un deuxième jusqu'à
Santa Maria. Ces transports n'ont pas d'horaire précis, juste un trajet; ils
partent quand ils sont remplis!
Quand on arrive à Santa Maria, on n'est plus dans le même monde. Ici, tout
est fait pour le touriste, on se croirait à Ibiza ou Saint Tropez! La plus
belle plage de l'île a été prise d'assaut par les promoteurs voraces. La
vague du tourisme de masse déferle sur le Cap Vert.... C'est son Or Noir, sa
seule ressource qui a permis une croissance économique de 7,3% en 2024.
Partout, ce n'est que chantiers en projets, en cours ou abandonnés.
Pedra de Lume
Bien que découverte en 1460, l'île de Sal n'a été peuplée qu'à la fin du
18ième siècle par des esclaves venus d'Afrique et des colons installés à Boa
Vista pour extraire du sel à Pedra de Lume. Il s'agit du cratère d'un ancien
volcan qui communiquait avec la mer par de petits canaux. Un dépôt de sel
s'est fait après évaporation . Exploités jusqu'en 1960, on peut visiter les
vestiges de cette activité.
Le port de Pedra de Luma et les entrepôts de sel
Téléphérique d'acheminement du sel
Epaves des barges de transport de sel
Chapelle Senhora da Piedade
Paysages
Le paysage désertique pourrait servir de décor à un western! Le peu de
routes existantes est en travaux pour les passer en 4 voies, en prévision du
fort trafic lié au tourisme sur l'axe aéroport-Santa Maria. Le reste de
l'infrastructure est constitué de pistes sur lesquelles les quads et 4x4
s'amusent.
Ce n'est pas la mer que l'on aperçoit au loin, mais un mirage!