Nous sortons de la marina à 12h15. Nous mouillons devant la plage, la même que lors de notre arrivée, le temps de ranger les pare-battages et les aussières. Nous en profitons pour déjeuner, histoire de ne pas partir le ventre vide.
A 14h, c'est le départ, environ 600 milles devant nous. Elizabeth nous a rejoint. Elle avait beaucoup navigué avec nous, au siècle dernier, mais c'est son baptème du grand large.
Il nous faut d'abord franchir le détroit. Comme d'habitude, nous avons soigneusement étudié les cartes de courants qui figurent dans le guide, consulté les horaires de marée, suivi les conseils du guide , et, comme d'habitude nous nous prenons le courant dan le nez.
Aujourd'hui, je découvre la raison.... MEFIEZ-VOUS DES TRADUCTIONS! Sur le guide en anglais, il est conseillé de partir 4h après la pleine mer de Gib, alors que le guide en français, c'est 2 h....
Quand on passe le détroit, on sait que le vent forcira avant Tarifa, mais on ne sait pas quand exactement, ni de combien. On ne peut pas naviguer sous voilure réduite pour anticiper car il faut avancer pour rester dans le bon créneau de marée. Donc vigilance.
Le vent nous pousse, voiles en ciseaux. la dérive est remontée entièrement et le bateau avance avec bonheur avec des pointes à 8 nœuds. Nous nous offrons le luxe de remonter un "Allures 44", beaucoup plus grand que nous, et de le distancer définitivement. Nous sommes très fiers de notre petit bateau.
Le détroit franchi, nous nous aidons du moteur pour passer le Dispositif de Séparation de Traffic qui canalise les navires entrants et sortants de Méditerranée. A 23h, nous l'avons passé mais conservons le moteur pour nous éloigner de la dangereuse côte marocaine, en raison de ses haut-fonds sablonneux.
La première nuit, Elisabeth partage son quart entre celui de Cathy et le mien. La deuxième nuit, elle le finira seule après m'avoir congédié, pour le prendre définitivement seule la troisième.
La vie à bord s'organise à trois; c'est la première fois que nous navigons au large, si nombreux à bord. 50% d'effectifs en plus, ça compte.
Le vent de secteur NNW nous fait avancer au près, allure parfois inconfortable; nous avons l'impression que nous aurons une démarche de dahut en arrivant. Heureusement, il n'est pas toujours très fort, nous ne prendrons le 4ième ris, qu'une fois. Les nuits sans lune sont très noires. Le bateau trace un sillage animé de milliers de petites bulles phosphorescentes. Des embruns luminescents éclaboussent la plage avant, c'est magnifique.
A la fin de la nuit le phare de l'ile de Cima, voisine de Porto Santo, apparaît.Avec le jour, Porto Santo se révèle.
